A SINGLE MAN

JEREMY KOST

12 novembre - 13 décembre 2015

La galerie Nuke est heureuse de présenter une exposition des nouvelles peintures de Jeremy Kost. Reconnu pour ses polaroids et ses collages montrant créatures de la nuit, drag queens et mannequins, Kost a réalisé ce que peu d’artistes ont fait ; il a pris un tournant inattendu dans son œuvre tout en maintenant ses racines accessibles. Perçu comme un outil profane depuis son invention, le polaroid a changé l’état d’esprit de toute une génération qui, soudainement, s’est retrouvée capable de capturer et documenter tous les aspects du quotidien.

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La galerie Nuke est heureuse de présenter une exposition des nouvelles peintures de Jeremy Kost. Reconnu pour ses polaroids et ses collages montrant créatures de la nuit, drag queens et mannequins, Kost a réalisé ce que peu d’artistes ont fait ; il a pris un tournant inattendu dans son œuvre tout en maintenant ses racines accessibles. Perçu comme un outil profane depuis son invention, le polaroid a changé l’état d’esprit de toute une génération qui, soudainement, s’est retrouvée capable de capturer et documenter tous les aspects du quotidien. Propulsé par cette envie documentaire des années 1980 et 1990, le monde de l’art est rempli d’hommages à la photographie de soirée ingénue. Peu néanmoins sont capables de dépasser le statut de dérivé, de copie et à insuffler une touche personnelle et une rigueur artistique.

Cette nouvelle série de polaroids combine des hommes seuls avec des bandes de peinture tentant d’unir ces figures solitaires. De la même manière qu’Andy Warhol et Lucas Michael sont parvenus à créer des univers nouveaux grâce au processus soi-disant simple de polaroid, Jeremy Kost retravaille une technique historiquement liée à l’instantanéité afin de réaliser des images complexes et multidimensionnelles qui, malgré leur sujet, protestent sublimement contre la consommation facile. Ces tableaux ajoutent une solide patina de peinture brillamment subtile, comme les joues rouges aguicheuses de jean-Honoré Fragonard et François Boucher. Les pigments sensuels de kost dansent avec excès, un « art brut » moderne qui rappelle les compositions grotesques et sédimentaires de jean fautrier – restant glorieusement captivantes même dans leur état d’abjection. Ainsi, notre interaction avec les paysages et intérieurs en apparence bruts de Kost, s’entrelace avec les politiques de la peinture et de son indiscipline tactile. Kost nous présente une nuit en club, des corps qui se rencontrent sous les lumières saturées et qui se séparent à l’aube.

De la même façon que le polaroid ne peut être répliqué, les modèles de kost n’existent qu’en isolation. Il fusionne néanmoins des figures disparates avec la grille, créant par là une continuité visuelle. L’usage de la grille de Kost renvoie en quelque sorte à l’érotisme féministe-formaliste d’Agnès Martin, Helen Frankenthaler et Elise Adibi, dont les formes régimentaires n’excluent pas un engagement dans des politiques d’identité. De la même façon, Kost bouleverse la fonction réductrice, organisationnelle de la grille en amplifiant la présence du corps – dans la forme de la chair corporelle ainsi que dans la chair de sa technique. Chaque image est, par définition, aussi unique qu’un être humain, car quand le polaroid est fait, il est devient une présence physique, complète et irréversible – une conception chimique immaculée. La finitude du polaroid réside dans le fait qu’il n’y a pas de retour en arrière possible une fois que le film a été développé : c’est un processus précaire que kost utilise adroitement. Tout comme Sally Mann, il sait si les défauts d’une image respectent ou diminuent sa force.

Si l’on considère ces facteurs historiques et techniques traditionnellement opposés de l’art – l’ordre, la chance, la sexualité, le formalisme, l’expressionisme, le minimalisme – on comprend mieux l’air introspectif qui traverse tant de figures de cette série. Le photographe et le modèle – aussi tangible l’un que l’autre pour Kost – ont tous deux pour objectif conceptuel de surpasser la photographie de soirée. Kost est celui qui vient avec un livre sur la piste de danse.

Galerie nuke is pleased to present an exhibition of new paintings by jeremy kost. Known for his polaroids and collages featuring nightlife denizens, drag queens, and models, kost has done what few artists can; he has enacted an unexpected turn in his work while maintaining its accessible roots. The polaroid has been, since its inception, marketed as a tool for the layman, and it changed the mindset of an entire generation that could suddenly document the poignant minutiae of everyday life. Powered by the documentary urge of the 1980s and 90s, the art world is likewise saturated with well-meaning homages to the candid party picture, but few are able to transcend derivation and imbue their portraiture with personal flair and art historical rigor.

This new series combines polaroids of lone men with flamboyant swaths of paint that tentatively unite these solitary figures. Like andy warhol and lucas michael, who have created heretofore unseen worlds with the ostensibly simple polaroid process, kost reworks a medium historically tied to instantaneity in order to build complex and multilayered images that, despite their subject matter, deliciously retaliate against easy consumption. These paintings add a resistant patina of thick paint that is still brilliantly subtle, like the coquettishly flushed rococo cheeks of jean-honoré fragonard and françois boucher. Kost’s sensual pigments dance with excess, a modern day art brut that recalls jean fautrier’s grotesque, sedimentary compositions that are gloriously engrossing even in a state of abjection. In this way, our interaction with kost’s seemingly straightforward landscapes and interiors becomes interwoven with the politics of paint in all its tactile unruliness. Kost gives us a night at the club, bodies coming together under saturated lights, only to be separated in the gathering dawn.

Like the polaroid, which cannot be replicated, kost’s models always exist in isolation, yet he unites disparate figures with the grid, thereby creating a partial visual continuity. Kost’s use of the grid is not unlike the feminist-formalist erotics of agnes martin, helen frankenthaler, and elise adibi, whose regimented forms do not preclude an engagement with identity politics. Similarly, kost rattles the grid’s reductive, organizational function by amplifying the presence of the body – both in the form of bodily flesh and in the flesh of his chosen medium. Each picture is by definition as unique as a human being, for when the polaroid is finished, there it sits, complete and irreversible – an immaculate, chemical conception. The finitude of the single polaroid means that there is no going back once the film has developed; it is a productively insecure process that kost handles adroitly. Not unlike sally mann, he knows when a picture’s flaws add to or detract from the strength of the image.

When one considers these traditionally opposed art historical and technical factors – order, chance, sexuality, formalism, expressionism, minimalism – it becomes clear why so many of the figures in this series seem so introspective. Both the photograph and the sitter – for kost, both are equally tangible – are doing an incredible amount of work toward conceptual ends that surpass the archetypal party picture. Kost is the guy who self-confidently brings a book with him to the dance floor.